LES CHAUSSURES DES FEMMES


Autrefois, pour se protéger de la boue et de la vase, dans les rues qui n'étaient pas encore pavées, les femmes portaient des talons hauts, tellement hauts qu'ils finirent par entraver leur démarche...au point qu'elles devaient être soutenues par deux personnes pour parcourir les rues.
Les courtisanes furent les premières à les adopter mais bientôt ils devinrent signes du statut social. Plus hauts étaient les talons, plus élévé était le rang de celle qui les portaient, plus riche devait-elle être.
La production entière de liège italien était quasiment absorbée pour leur production.
En dialecte vénitien, ces chaussures étaient appelées "zoppieggi", mais certains les désignaient plus ironiquement par "sabots de vache".
Leur hauteur pouvaient aller jusqu'à 60cm. Elles pouvaient être revêtues de cuir ou tissus, décorées avec des pierres précieuses ou peintes.
La mode des chaussures à semelles épaisses fut d'abord bien tolérée : les maris pensaient sans doute qu'avec de telles chaussures aux pieds, leurs épouses ne pourraient sortir en leur absence, l'église considérant la danse comme un péché se félicitait qu'elles en empêchent l'exercice.

On peut aujourd'hui voir, au musée Correr, quelques paires de ces chaussures

Les accidents étant nombreux, souvent cause d'avortements, en 1430, l'Etat intervint, une ordonnance du Grand Conseil limitant la hauteur des talons à 20cm,
Une autre raison était aussi de mettre un frein à la compétition entre les femmes et aux excès de luxe.
Comme beaucoup d'autres, l'ordonnance ne fut guère respectée.

 

Quelques deux cents ans plus tard, au contraire, la mode fut aux chaussures basses et à ce propos, on raconte l'anecdote suivante:
Tandis qu'un ambassadeur discutait en présence de Domenico Contarini, qui fut doge de 1659 à 1674, sur la nouvelle coutume plus pratique que l'ancienne, il ne put retenir un conseiller de s'exclamer : "Trop commode, trop!". Avec ces paroles, il voulait faire allusion à la tenue à laquelle les femmes étaient auparavant condamnées et à la coquetterie des libres mouvements que cette nouvelle mode leur permettait.
Les chaussures des dames étaient de couleurs variées, avec une pointe tournée vers le haut et des boucles plus ou moins riches selon la richesse de qui les portaient. On se souvient avoir vu une paire de boucles ornées de diamants d'une valeur de 10000 lires.
L'usage des "mulete" (chaussures sans talons) fut railler par Ballerin qui écrit, dans ses lettres inédites : "On ne sait pas encore ce qu'en pensent les grands sujets qui composent le collège des Pompes , mais il est certain que la manière de se vêtir de ces dames séduisantes qui galopent sur la place en mulete, jupes courtes, ne laissent pas tranquille l'âme de ses graves sujets" .