LA COIFFURE DES DAMES

Les coiffures des vénitiennes furent diverses selon les époques. Au début, elles portèrent des coiffures abondantes, ensuite elles tressèrent leur cheveux et les serraient autour d'une petite couronne d'or (ou simili or). Plus tard, elles firent des tresses entortillées en forme de cône sur la nuque.

C'est ainsi qu'est représentée Cassandra Fedele dans ses portraits.

Jusqu'au XVème siècle, l'art de la coiffure cherchait à cacher les défauts de la nature. Casola, dans son livre "Voyage" remarque que le commerce des cheveux postiches était exercé à son époque à Venise par des marchands ambulants qui les exposaient sur de belles perches place Saint Marc.
Au milieu du XVIème siècle, on commença à faire des boucles au cheveux, partant des oreilles et allant jusqu'au front. Parfois les boucles étaient hérissées sur les côtés et prenaient la forme de cornes. Cela se voit encore au début du XXème siècle jours quand on veut imiter la coiffure de la célèbre ballerine Fuoco.
Mais nous voici au XVIIIème siècle avec les fameux toupets qu'on blanchissait au moyen de la poudre de Chypre et avec les non moins fameux "conzieri", renforcés par des fils métalliques appelés "vergole" et embellis par de la dentelle.
Il n'y a donc pas à s'étonner que les coiffeurs, qui devaient aussi prendre soin des coiffures masculines furent si nombreux à Venise
En fait, à la chute de la république leur nombre s'élevait à mille cinq cents. Ils entraient librement dans les familles, devenant dépositaires des galants secrets, se faisant porteurs de lettres et de petits cadeaux amoureux, travaillant parfois pour leur propre compte dans les lieux de prostitution

LA PETTINATURA AL FUNGO
(Coiffure aux champignons)
Peut-être importé de l'Orient, avec lequel le trafic était grand, le vice de la sodomie faisait rage chez nous dans les temps anciens. Il était devenu très risqué pour un jeune garçon de s'aventurer la nuit dans les rues, si mal éclairées à l'époque, comme peut le prouver l'exemple d'un certain Vettore Foscari, qui, en 1482, fut victime dans la calle della Bissa, à San Bartolomeo des envies malhonnêtes de Bernardino Correr.
Les décrets du gouvernement n'arrivaient nullement à endiguer le phénomène . Pas plus que les charmes et les minauderies des prostituées, qu'on voyait prendre des poses négligées, provocantes. Qu'imaginèrent alors les malheureuses ? Il ne leur était pas permis de s'habiller à la manière des hommes. Elles adoptèrent donc une coiffure qui, en quelque sorte, les faisaient leur ressembler et caresser ainsi les passions de l'époque. Ce fut la fameuse coiffure du "champignon", ainsi appelée parce qu'elle rassemblait les cheveux sur le front de manière à former un toupet ressemblant à un champignon. La nouveauté ne plût cependant pas au conseil des Dix qui l'interdit par la loi du 14 mars 1470, en recommandant aux curés de paroisse de chercher à éradiquer la coutume établie par l'intermédiaire des confesseurs et d'édits placardés à la porte des églises.