Une devinette : où la photo
ci-dessous a-t-elle été prise ?
Réponse :
dans la prison de femmes de la Giudecca, Fondamenta delle convertite
La photo est extraite du film Fondamenta delle Convertite (2008 –
117 minutes) de la réalisatrice italienne Penelope Bortoluzzi, qui a passé un
an dans cette prison.
La
réalisatrice italienne a passé un an dans la prison pour femmes de Venise.
Une année dans la
prison de femmes de Venise. La vie quotidienne dans les couloirs et les espaces
communs de cet ex-monastère en face de la lagune. Les cellules ne sont fermées
que la nuit et un étage est réservé aux détenues avec de jeunes enfants.
Prisonnières du monde entier, gardiennes et enfants vivent dans une promiscuité
sans sursis, jonglant chacune à sa façon entre hiérarchies, amitiés, jeux de
rôle et de pouvoir.
La scène se passe dans la prison pour femmes
de Venise et donne une idée du ton de Fondamenta delle convertite, le
beau documentaire de Penelope Bortoluzzi qui porte le nom de la voie où se
dresse l'établissement.
Dans ce centre
pénitentiaire, un ancien monastère situé face à la lagune vénitienne, les cellules
ne sont fermées que la nuit et les prisonnières peuvent circuler librement.
Elles disposent d'une salle de gym, d'une crèche où sont accueillis leurs
enfants en bas âge.
Etonnantes images de
détenues bronzant, en maillot, dans la cour de promenade, parlant mode ou
astrologie avec leurs gardiennes, pariant sur l'issue d'un match de foot. La
caméra capture les allers et venues de ces femmes et la vie qui s'écoule. A
première vue, il y ferait presque bon vivre. «Si je devais aller en prison, je
viendrais ici», s'amuse une matonne.
«Tu m'as
manquée!» A l'écran, deux femmes se jettent dans les bras l'une de l'autre.
Toutes excitées, elles se font la bise et échangent des sourires. Deux copines
qui se retrouvent, après une longue séparation? Ce sont en fait... une matonne
et une détenue.
Sauf que l'image de «prison modèle» ne gomme
aucune des aspérités de la vie carcérale. La complicité entre détenues ne
préserve pas des rivalités et des menaces. L'amitié avec les gardiennes
n'efface pas la hiérarchie. Une infirmière et son chariot de médicaments
rappellent les failles psychologiques de certaines.
Au détour d'un
couloir, d'une conversation, derrière une tranquillité factice, les personnages
filmés par Penelope Bortoluzzi témoignent tous d'un manque. Le manque de
liberté, accentué par le contraste avec ces plans fixes sur la lagune et son
immensité. Le manque d'intimité ressentie entre ses murs, où «l'on est
jamais seule». Le manque affectif provoqué par l'éloignement des proches
(le film est rythmé par les coups de fils passés entre une mère et sa fille).
La cinéaste porte un regard doux sur un monde qui l'est beaucoup moins. Le
contraste n'en est que plus percutant.
QUELQUES
IMAGES EXTRAITES DU FILM :
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