PIETRO ARETINO

Homme de lettres né à Arezzo, en Toscane, en 1492, il se fixa à Venise à partir de 1526. Il y mourut en 1556.

Brillant auteur, à la plume redoutable, il combattait les riches et les puissant, défendait la veuve et l'orphelin. On le surnommait "le fléau des princes". Il fut l'ami d'un pape et s'en fallut de peu qu'il soit nommé cardinal.

Il a dépeint la vie vénitienne au 16ème siècle, mais aussi et l'on pourrait dire surtout (car lorsque aujourd'hui on consulte Internet, c'est essentiellement ce qu'il en reste) écrit des poèmes d'une extrême obscénité, comme par exemple les "sonetti lussuriosi".

Il recevait chez lui des artistes - c'était l'ami du Titien - des hommes de lettres, des coutisanes, des ambassadeurs, des princes, des mendiants, des gondoliers…. Il organisait des joutes littéraires dans les jardins de son palais.

Il était entouré de nombreux serviteurs et servantes, surnommées les "arétines".

Il fut enterré dans l'église San Luca. Sa tombe devint alors lieu de curiosité pour les touristes, ce qui déplut au clergé et à l'occasion de travaux réalisés o fit disparaître toute trace extérieure de ce tombeau.

Traduction d'un de ses "doutes amoureux"
La Doralice a un medico promese
dargli una chiavatura a tutto pasto
se guarito le avesse il mal francese,
che il fegato e 'l polmon le aveva guasto.
Quel fe' tutta la cura a proprie spese,
ma alfin lei si morì fra quel contrasto.
Tenetur ne la figlia, come erede,
dargli la chiavatura ch'egli chiede?

Doralice avait promis à un médecin
De lui accorder une baise du diable
S'il la guérissait du mal français(*)
Qui lui rongeait le foie et les poumons.
Celui prit à son compte les soins qu'il lui donna
Mais à la fin, elle mourut.
Sa fille,Comme héritière est-elle tenue de respecter le contrat
Et de donner la baise qu'il réclame ?

(*) : syphilis
Messer Matteo deciso ha questo punto
e vuol che tai promesse non sien vane,
quand'egli a centotrentatré fu giunto
delle sue decisioni sovrumane; ,
ove vuol che promissio del defunto
obblighi quell'erede che rimane;
unde tenetur filia, ut volunt jura,
di dargli la promessa chiavatura.

Sur ce point, Messire Matteo a décidé
Et veut que la promesse ne soit pas vaine.
C'est la cent trente troisième
De ses décisions souveraines
Où il veut que les promesses du défunt
Soient tenues par l'héritier qui reste.
Donc la fille est tenue, sinon il y a parjure,
De lui donner la baise promise.