LE LOTO
La loterie a vu le jour à Venise au début du 16ème
siècle.
Dès 1521, de manière plus ou moins clandestine on trouve trace
de loteries organisées par Girolamo Franco, dit Bambarara, citoyen vénitien.
La mise était de 10 ducats par bulletin. Les lots étaient des
tapis, meubles, têtes de lit
. Le plus souvent les tirages se faisaient
au couvent de S. Giovanni e Paolo. Cela déplaisait cependant aux frères,
qui du haut de la chaire faisait entendre que le loto était un péché.
Le gouvernement lui-même organisait de telles loteries, quand il était
appauvri par la guerre. Preuve en est le décret du 10 juin 1525, avec
lequel on chargeait Giovanni Manenti de mettre en loterie la Ca' del Duca, tombée
alors en propriété de la Seigneurie. Le tirage eut lieu le 29
juillet dans la Scuola di S. Marco , près de S. Giovanni e Paolo. Le
gagnant fut Alvise, fils d'Agostino Dolce avec le bulletin numéro 4540.
Pietro Aretino dans une plaisante lettre adressée à Giovanni Manenti,
son compagnon relate toutes les malédictions qui pleuvaient sur la tête
de ceux qui, jouant au loto, restaient déçus dans leurs espérances.
Dans cette lettre, on apprend que les tirages se faisait sur une scène
haute et bien décorée, qu'un jeune garçon était
chargé de procéder au tirage, comme cela se pratique encore un
peu de nos jours.
Plus tard, nous trouvons une loterie organisée par G. Battista Molin,
dit Mamera, Prête de S. Simeone et Guida Apostoli, dont les bénéfices
seront pour la reconstruction de son église.
Quelques années plus tard, Venise institua officiellement une loterie
publique et la première extraction eut lieu le 5 avril 1734. On accordait
des licences pour le jeu et parce que le bureau était installé
à S. Maria Formosa près du pont de Borgoloco, celui-ci fut vulgairement
appelé Pont de l'entreprise. Les cinquante employés se divisaient
en Caseletti et Compustiti et l'on apprend par une fiche manuscrite de Cicogna
que dans leur bureau, ils avaient dans une petite pièce réservé
avec un autel pour vénérer l'image de la Vierge Marie.
Au début, il y avait neuf tirages par an. En 1758, on en ajouta un dixième.
Il y en eut ensuite de plus en plus, les gains réalisés servant
à payer les illuminations dans la cité.
On a mémoire qu'il y eut même des tirages exceptionnels, comme
celui pour couvrir les besoins de l'Etat, décidé le 30 décembre
1796, approuvé le 14 janvier 1797 où l'on mit en loterie les biens
du presbytère supprimé de S. Maria della Carita.